Bien que Manuel Valls
considérait en mai 2015 comme «une erreur [...] de
baisser le budget de la Culture. Cela a été un signe négatif»
de nombreuses collectivités de Bretagne continuent de contraindre
les subventions affectées aux associations culturelles. Mais à
force de se serrer la ceinture, ne seraient-elles pas en train de se
couper de la culture? Et la poésie dans tout cela risque d'en pâtir
encore plus...
Certes, dans la recherche
d'économies, les petits ruisseaux font les grandes rivières, mais
les petits coup de canifs pourraient aussi faire les grandes colères.
Et bien que, de par la modestie de son poids économique, la poésie
ne va pas mettre les bonnets rouges dans la rue, ces réductions
donnent un mauvais signal pour l'avenir de la poésie.
Au niveau national,
l'association du Printemps des Poètes voit son budget maigrir chaque
année. Dans une ville comme Rennes, la Maison de la Poésie a appris
en novembre que la Mairie prévoyait une baisse de 10 000 € de sa
subvention allouée pour 2016 (soit une diminution de 15% par rapport
à l’année précédente). Et ce, à un moment où le poète
rennais Jacques Josse, ancien président de la Maison de la Poésie,
vient d'obtenir le prestigieux prix Louis Guillaume. Des plus petites
communes qui autrefois organisaient une lecture/rencontre à la
bibliothèque ou dans un bar ont renoncé. Mais nul n'est prophète...
En me replongeant dans
les archives de tout-rennes-en-poésie, j'ai pu constater qu'en mars
2010, à l'occasion du Printemps des Poètes, 41 actions avaient été
organisées sur 13 communes et pour Rennes dans 15 lieux. En 2015,
seulement 17 actions sur 8 communes et 8 lieux rennais. En 2016, je
ne compte encore que 19 actions...
Pourtant, la poésie
bretonne est dynamique, voir ici pour s'en convaincre sur
wikipédia la liste des poètes bretons (et il
en manque sans doute). Que j'aimerais que la Bretagne soit plus
connue pour ses poètes que pour sa pluie !
Alors mesdames et
messieurs les conseillers municipaux, départementaux, régionaux
venez découvrir la poésie pour mieux la soutenir par la suite.
Venez écouter les lectures d'auteurs organisées autour de vous.
Vous serez sans doute surpris. Il n'y aura sans doute pas beaucoup de
monde malheureusement mais il y aura sans doute beaucoup d'émotion,
d'interrogations, de réflexions profondes, d'humour aussi. Regardez
sur internet, la poésie y est vivante, multiple et ouverte. Demandez
conseil à votre libraire indépendant, à votre bibliothécaire,
achetez, empruntez, téléchargez, regardez la poésie en livre, en
e-book ou en extrait sur internet.
Mesdames et messieurs les
politiques, ne restez pas avec la vision à court terme des économies
de bouts de chandelles. Est ce que la poésie met en péril les
finances publiques? Est-ce qu'une goutte d'eau peut mettre à mal le
fleuve budgétaire d'une collectivité? Ne pensez-vous pas que la
littérature au contraire peut éveiller les esprits et nous rendre
plus intelligents, plus tolérants, plus humains ?
Mesdames et messieurs les
politiques, résistez à cette tentation de réduction des
subventions à la culture et en particulier à la création poétique
contemporaine. Car si la poésie donne l'impression de ne servir à
rien, pourquoi des poètes y consacrent de longues heures de
cogitation quotidienne, toute une vie durant ? Pourquoi à la
sortie des lectures, des rencontres, des spectacles poétiques, tous
les spectateurs repartent contents ?
Tout Rennes en Poésie
soutient modestement (et malheureusement que moralement) les poètes,
ainsi que tous les organismes et toutes les associations qui portent la
poésie. Ils ne peuvent œuvrer seuls sans soutien public.
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